COVID-19 – Sauver le projet européen : l’urgence est à la solidarité et à la coordination

02.04.2020 7:53

COVID-19 – Sauver le projet européen : l’urgence est à la solidarité et à la coordination

Remarque importante
Les points de vue exprimés sont ceux de la délégation nationale et ne reflètent pas la position du Groupe
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Pour Benoît LUTGEN (CDH) et Pascal ARIMONT (CSP), la souveraineté européenne et l’Union elle-même sont aujourd’hui en péril. Le manque de coordination entre les États membres en début de crise sanitaire a un impact grave sur la santé et la vie de tous les citoyens européens. Elle a ébranlé une confiance déjà fragilisée. La crise sanitaire a notamment montré à quel point l’Union européenne était dépendante de la Chine et de l’Inde pour son approvisionnement en matériel médical essentiel.

Si l’Europe ne se montre pas, dans les prochains jours et prochaines semaines, capable de restaurer la confiance en protégeant la santé de tous les Européens, elle menace jusqu’à son existence même. Elle doit d’urgence démontrer sa plus-value dans les domaines stratégiques, la santé en première ligne mais aussi l’énergie, l’alimentation et la défense.

1. Renforcer la solidarité

On le voit sur le terrain : la crise soude et renforce des liens de la solidarité spontanée et informelle en soutien aux malades et aux soignants, du niveau local au niveau international, mobilisant les citoyens, les associations, les entreprises. L’Europe doit s’appuyer sur ces solidarités et s’en inspirer pour renforcer aussi les solidarités organisées entre les États européens. Certes, les Traités européens n'attribuent pas une compétence à l'Union pour gérer les crises sanitaires et les pandémies. Cela reste de la compétence des Etats membres. Cependant, ces derniers jours, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Luxembourg ont démontré que la coordination et la solidarité étaient possibles. Les exemples de plus en plus nombreux de transferts de patients, de mutualisation de capacités médicales, de transferts de matériels le démontrent. Ils doivent maintenant être systématisés.

L’urgence, vu la propagation du virus, c’est que l’Europe coordonne l’utilisation des capacités hospitalières entre les régions aujourd’hui relativement épargnées et celles dont les hôpitaux sont saturés ou en passe de l’être. Car demain, c’est en sens inverse que la solidarité pourra jouer, en fonction de la progression du virus.

2. Coordonner la sortie de crise

Gouverner, c’est prévoir : c’est aussi maintenant que l’Europe doit coordonner de manière rigoureuse et solidaire les mesures de sortie du confinement, qui s’appliqueront le moment venu. Tout le monde comprend aujourd’hui qu’il est exclu que les États commencent à prendre individuellement des mesures de levée de confinement sans se coordonner. Personne ne peut envisager que l’Europe ne prenne cette indispensable coordination à bras le corps dès maintenant.

Pour Benoît LUTGEN et Pascal ARIMONT, l’Europe doit avoir ce coup d’avance qu’elle n’a pas eu au démarrage de la crise. Car c’est ensemble que nous protégerons les Européens contre le risque de reprise de l’épidémie, c’est ensemble que nous développerons les moyens de lutte médicale, par la recherche et la production propre de masques, respirateurs, etc. Et c’est ensemble que nous relèverons le défi économique et social au sortir de la crise, insistent Pascal ARIMONT et Benoît LUTGEN.

Des décisions nationales une nouvelle fois disparates seraient un nouvel échec et une aberration au regard notamment du nombre de travailleurs frontaliers (avant la crise, 2.000.000 d’entre eux traversaient quotidiennement les frontières), des réseaux de communications européens, de la libre circulation. Un manque de coordination de la fin du confinement  pourrait entraîner une reprise de l’épidémie qui serait une nouvelle catastrophe pour l’économie européenne, pour sa cohésion, pour l’Union elle-même.

3. Préparer ensemble l’après, dès maintenant

Benoît LUTGEN souligne que la crise sanitaire convoque tous les États membres et institutions européennes à renforcer la souveraineté et les bases de l’Union pour ajouter au marché unique et à l’Europe économique un pilier social et de santé publique plus solide et plus ambitieux.

L’Union européenne a déjà pris des mesures pour soutenir l’économie et les travailleurs des Etats membres en ces temps difficiles. Ainsi, la semaine dernière, le Parlement européen a pu voter des dispositions permettant de débloquer rapidement jusqu’à 37 milliards d’euros dans le cadre des Fonds structurels, notamment pour soutenir les systèmes de santé. De même, la Banque européenne d’investissements entend mobiliser jusqu’à 240 milliards de prêts après avoir dégagé près de 45 milliards pour soutenir les PMEs et le secteur de la santé. Il faut que les institutions européennes trouvent rapidement un consensus pour établir un soutien aux Etats membres qui vont s’endetter par le biais de lignes de crédits du Mécanisme européenne de solidarité et en créant des instruments financiers communs garantis par les institutions européennes (Coronabonds). Enfin, l’Union devra adopter un budget européen 2021-2027 ambitieux, reflétant les nouvelles priorités et solidarités nées de la crise. Il est l’urgent et vital de donner une autre dimension à l’action européenne, que l’Europe se montre capable d’apporter les réponses les plus fortes sur le plan sanitaire et social.

Il en va de l’Unité européenne et surtout, de la santé de tous les européens et de notre humanité.

Benoît LUTGEN (CDH) et Pascal ARIMONT (CSP), membres du Parlement européen

Notes aux éditeurs

Avec 187 députés issus de l'ensemble des Etats membres, le Groupe PPE est le groupe politique le plus important du Parlement européen

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